mercredi 15 août 2012

Poussières d'esprit d'Annie Perreault

Les premières page Des neufs dragons de Michael Connelly


Je viens de commencer à lire Les neufs dragons de Michael Connelly. J'en suis à la trente-huitième page. Et il y a quelque chose qui me chicote... Je sais que cet auteur est reconnu, qu'il a gagné plusieurs prix et qu'il vit très bien de sa plume. Cependant, si je me mets dans la tête de l'auteur, se pourrait-il qu'à un moment donné, sachant que mes livres vont toujours se vendre, que ma réputation est déjà faite et que les éditeurs jubilent chaque fois que je dépose un manuscrit sur leur bureau, que je ne fasse plus correctement mon travail d'écrivain, que je ne perde plus mon temps à trouver le mot juste, ou que je n'entre plus assez profondément dans la peau de mes personnages pour ressentir le geste, le bon, à poser dans telle ou telle action ?

C'est ce que je ressens en lisant les trente premières pages de ce roman. Et ça me chicote. Comment un écrivain de son envergure peut-il ne pas faire plus attention à la caractérisation de ses personnages ?

Voici ce qui me dérange...

À la page 12 : « Bosch se contenta de hocher la tête. »
À la page 17 : « Bosch acquiesça d'un signe de la tête et on en resta là. »
À la page 20 : « Bosch acquiesça d'un signe de la tête. »
À la page 23 : « Bosch hocha de la tête. »
À la page 24 : « Bosch acquiesça d'un signe de tête, bien gêné d'avoir ainsi tenté de l'embarrasser. »
À la page 30 : « Bosch acquiesça d'un signe de tête. »
À la page 34 : « Bosch reprit sa pochette et hocha la tête. »
À la page 35 : « Bosch hocha la tête. »

En à peine 23 pages, le même geste de la tête revient huit fois.

Comment pourrait-on éviter cette erreur ? Moi, si j'étais une écrivaine reconnue, dont les livres — presque tous des best-sellers — seraient traduits en plusieurs langues, comment ferais-je pour ne pas commettre cette maladresse ?

...

Je l'ignore.

Allons-y alors avec des suppositions basées sur ma jeune expérience d'écrivaine.

La première solution qui me vient se trouverait dans la vision que l'on aurait de nos romans. Si on les concevait comme des entités uniques et vivantes, ayant leur propre conscience, alors on prendrait le temps de s'asseoir avec elles pour mieux écouter ce qu'elles ont à nous dire, pour mieux comprendre ce que les personnages ont à communiquer avec les autres personnages, mais aussi avec les lecteurs. On se laisserait alors tomber dans le moment présent, le présent de l'univers que nous créons, et on utiliserait notre imagination et notre sensibilité pour se mettre dans la peau de nos personnages et percevoir l'environnement qui les entoure avec leurs yeux, leurs émotions, leur vision du monde. Ainsi, dans cet acte du lâcher-prise et d'ouverture à l'autre, on serait plus apte à ressentir la gestuelle de nos personnages et on l'écrirait.

La deuxième solution qui me vient serait de prendre le temps de se relire à froid. Ici, l'auteur ne s'est peut-être pas relu, et a donc laissé dans son texte ces agaçantes répétitions.

La troisième solution ? Faire lire nos textes par d'autres, par plusieurs autres, en s'assurant que chacun travaille dans des champs de compétences variés.

D'autres solutions :

— Cultiver son goût de la découverte. Des personnages, ça évolue ! Se laisser surprendre par leur métamorphose.
— Garder un esprit ouvert. Chaque livre apporte un cadeau à son auteur. Être disposé à le recevoir.
— Ne pas tenir pour acquise sa notoriété. Se rappeler comment long et difficile fut le chemin pour se rendre là où l'on s'est rendu. Se dire que tout peut basculer du jour au lendemain.
— Bien faire son travail d'écrivain !!

Il me vient à l'esprit une idée qui pourrait bien disculper l'auteur de cette faute dont je l'accuse. Et si c'était le traducteur qui n'avait pas bien fait son travail ? En lisant les premières pages du roman, je dois avouer que la traduction n'est pas de très grande qualité ! Souvent, le style des phrases est copié au style de la phrase anglaise. C'est lisible, oui, mais on ne lira pas ce roman pour le style, on s'entend, mais bien pour l'intrigue.

Ce ne serait pas génial de lire un livre d'un auteur, dont les histoires s'enrichissent du même coup d'une intrigue captivante et d'un style qui nourrit et émerveille le lecteur ? Qu'à chacun des romans de cet auteur, on plongerait dans de nouvelles découvertes, car l'écrivain en serait un qui se renouvelle chaque fois ? Que pour lui, écrire serait plutôt une occasion favorable à l'épanouissement personnel ? Que son désir le plus ardent serait de toujours pousser plus loin ses limites comme écrivain ?

C'est ce que j'aspire à être !
 
 
Je vous invite à visiter le blogue d'Annie Perreault, www.lesmondesdeannie.blogspot.ca
 

5 commentaires:

  1. Merci, Jacques, pour cette publicité.

    Pour ceux qui lisent ce commentaire, sachez que j'ai donné la permission à Jacques de reproduire mon texte sur son blogue parce qu'il me l'avait demandée avant. Voilà.

    Au plaisir de vous lire bientôt.

    Annie :-)

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  2. Ce commentaire a été supprimé par l'auteur.

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  3. J'avoue qu'avec tous ces hochements de tête, le personnage devrait avoir un torticolis assez rapidement :-)!!! Mais je suis d,accord avec toi Jacques ! Un auteur qui a autant d'intérêt de ses lecteurs et éditeurs, devrait se surpasser et non tomber dans le tourbillon de la célébrité et s'assoir sur ses lauriers!!! une réputation ça peut monter vite, mais quand ça chute, ça chute bas... Et après, c'est très difficile à faire remonter... Personnellement, je ne le connait pas! mais tu pousses ma curiosité à découvrir tout de même un premier tome de cette auteur si connue !

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    1. C'est un auteur que j'apprécie, même si je suis d'accord avec Annie (NB que c'est son billet que j'ai publié sur mon blogue.)cependant que des auteurs reconnus ne devraient pas s'asseoir sur leur lauriers comme on dit. Les Neufs Dragons n'est cependant pas son meilleur.Consulter ce blogue pour y trouver d'autres évaluations. A+

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  4. Bonjour Froggy ! Pour dissiper le malentendu, sachez que ce n'est pas Jacques qui a écrit ce billet, mais bien moi, Annie Perreault. Je vous invite à visiter mon blogue. A+ ;)

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