Robert Pobi, un Canadien qui déchire
Un nom à mémoriser dès maintenant dans la surabondante production de littérature policière : celui de Robert Pobi. Facile à retenir. On sait juste de lui qu'il est canadien, qu'il a travaillé comme antiquaire, qu'il aime pêcher toute créature susceptible de mordre à ses hameçons, et qu'il est venu à l'écriture sur le tard. Avec une réussite insolente : en deux mois, son premier roman, "Bloodman", a déjà scotché les critiques nord-américains et britanniques. Au tour des Français maintenant...
"L'homme de sang" étant déjà pris (dommage), le livre nous arrive sous le titre "L'invisible". La démence est au coeur de ce thriller sous haute tension. Revenu au chevet de son père malade, Jack Cole, enquêteur atypique du FBI, visionnaire et halluciné, est prié de donner un coup de mains aux flics locaux : à deux pas de chez lui, une jeune femme et son enfant ont été dépecés au couteau de chasse... Le père de Jack est un peintre de génie, égal fictif d'un Jackson Pollock ou d'un Cy Twombly. Les médecins lui diagnostiquent les prémices d'Alzheimer, mais Jack lit dans son délire d'autres indices infiniment plus troublants.
Pris entre une folie créative et une folie meurtrière, l'agent spécial Cole tente de garder le fil, au milieu d'une panique généralisée déchaînée par l'approche d'un méga-ouragan. Dans cette atmosphère quasi-fantastique, Robert Pobi sait à merveille planter le décor, installer ses personnages et faire monter la tension. S'il s'autorise quelques facilités, se laisse parfois griser par son écriture roublarde, son idée d'une enquête purement cérébrale, où le policier cherche des réponses dans les cerveaux dérangés autant que sur les scènes de crime, tient le lecteur totalement à sa merci, lui dictant ses conditions en s'affranchissant de la logique procédurière d'un pur polar.
Selon que l'on trouvera la chute bluffante ou au contraire prévisible, on quittera "L'invisible" avec plus ou moins de regrets. Dans tous les cas, on aura assisté à l'émergence d'un talent à suivre. Les éditeurs français, François Verdoux et Arnaud Hofmarcher, croient beaucoup en ce livre, au point d'avoir prévu, pour son lancement, leur plus gros tirage pour un premier roman. Et comme ils ne s'engagent pas à la légère, ils avaient acquis dès janvier 2011 les droits sur deux des trois autres roman du Montréalais : "Mannheim Rex" et "Deselected". Robert Pobi va encore frapper.
"L'invisible", Robert Pobi, éditions Sonatine, 426 pages, 21,30€. En librairie le 10 mai.
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