Les premières page Des neufs dragons de Michael Connelly
Je viens de
commencer à lire Les neufs
dragons de Michael Connelly.
J'en suis à la trente-huitième page. Et il y a quelque chose qui me chicote...
Je sais que cet auteur est reconnu, qu'il a gagné plusieurs prix et qu'il vit
très bien de sa plume. Cependant, si je me mets dans la tête de l'auteur, se
pourrait-il qu'à un moment donné, sachant que mes livres vont toujours se
vendre, que ma réputation est déjà faite et que les éditeurs jubilent chaque
fois que je dépose un manuscrit sur leur bureau, que je ne fasse plus
correctement mon travail d'écrivain, que je ne perde plus mon temps à trouver le
mot juste, ou que je n'entre plus assez profondément dans la peau de mes
personnages pour ressentir le geste, le bon, à poser dans telle ou telle action
?
C'est ce que je
ressens en lisant les trente premières pages de ce roman. Et ça me chicote.
Comment un écrivain de son envergure peut-il ne pas faire plus attention à la
caractérisation de ses personnages ?
Voici ce qui me
dérange...
À la page 12 :
« Bosch se contenta de hocher la tête. »
À la page 17 :
« Bosch acquiesça d'un signe de la tête et on en resta
là. »
À la page 20 :
« Bosch acquiesça d'un signe de la tête. »
À la page 23 :
« Bosch hocha de la tête. »
À la page 24 :
« Bosch acquiesça d'un signe de tête, bien gêné d'avoir ainsi tenté de
l'embarrasser. »
À la page 30 :
« Bosch acquiesça d'un signe de tête. »
À la page 34 :
« Bosch reprit sa pochette et hocha la
tête. »
À la page 35 :
« Bosch hocha la tête. »
En à peine 23
pages, le même geste de la tête revient huit
fois.
Comment
pourrait-on éviter cette erreur ? Moi, si j'étais une écrivaine reconnue, dont
les livres — presque tous des best-sellers — seraient traduits en plusieurs
langues, comment ferais-je pour ne pas commettre cette maladresse
?
...
Je
l'ignore.
Allons-y alors
avec des suppositions basées sur ma jeune expérience
d'écrivaine.
La première
solution qui me vient se trouverait dans la vision que l'on aurait de nos
romans. Si on les concevait comme des entités uniques et vivantes, ayant leur
propre conscience, alors on prendrait le temps de s'asseoir avec elles pour
mieux écouter ce qu'elles ont à nous dire, pour mieux comprendre ce que les
personnages ont à communiquer avec les autres personnages, mais aussi avec les
lecteurs. On se laisserait alors tomber dans le moment présent, le présent de
l'univers que nous créons, et on utiliserait notre imagination et notre
sensibilité pour se mettre dans la peau de nos personnages et percevoir
l'environnement qui les entoure avec leurs yeux, leurs émotions, leur vision du
monde. Ainsi, dans cet acte du lâcher-prise et d'ouverture à l'autre, on serait
plus apte à ressentir la gestuelle de nos personnages et on
l'écrirait.
La deuxième
solution qui me vient serait de prendre le temps de se relire à froid. Ici,
l'auteur ne s'est peut-être pas relu, et a donc laissé dans son texte ces
agaçantes répétitions.
La troisième
solution ? Faire lire nos textes par d'autres, par plusieurs autres, en
s'assurant que chacun travaille dans des champs de compétences
variés.
D'autres
solutions :
— Cultiver son
goût de la découverte. Des personnages, ça évolue ! Se laisser surprendre par
leur métamorphose.
— Garder un
esprit ouvert. Chaque livre apporte un cadeau à son auteur. Être disposé à le
recevoir.
— Ne pas tenir
pour acquise sa notoriété. Se rappeler comment long et difficile fut le chemin
pour se rendre là où l'on s'est rendu. Se dire que tout peut basculer du jour au
lendemain.
— Bien faire
son travail d'écrivain !!
Il me vient à
l'esprit une idée qui pourrait bien disculper l'auteur de cette faute dont je
l'accuse. Et si c'était le traducteur qui n'avait pas bien fait son travail ? En
lisant les premières pages du roman, je dois avouer que la traduction n'est pas
de très grande qualité ! Souvent, le style des phrases est copié au style de la
phrase anglaise. C'est lisible, oui, mais on ne lira pas ce roman pour le style,
on s'entend, mais bien pour l'intrigue.
Ce ne serait
pas génial de lire un livre d'un auteur, dont les histoires s'enrichissent du
même coup d'une intrigue captivante et d'un style qui nourrit et émerveille le
lecteur ? Qu'à chacun des romans de cet auteur, on plongerait dans de nouvelles
découvertes, car l'écrivain en serait un qui se renouvelle chaque fois ? Que
pour lui, écrire serait plutôt une occasion favorable à l'épanouissement
personnel ? Que son désir le plus ardent serait de toujours pousser plus loin
ses limites comme écrivain ?
C'est ce que
j'aspire à être !
Merci, Jacques, pour cette publicité.
RépondreSupprimerPour ceux qui lisent ce commentaire, sachez que j'ai donné la permission à Jacques de reproduire mon texte sur son blogue parce qu'il me l'avait demandée avant. Voilà.
Au plaisir de vous lire bientôt.
Annie :-)
Ce commentaire a été supprimé par l'auteur.
RépondreSupprimerJ'avoue qu'avec tous ces hochements de tête, le personnage devrait avoir un torticolis assez rapidement :-)!!! Mais je suis d,accord avec toi Jacques ! Un auteur qui a autant d'intérêt de ses lecteurs et éditeurs, devrait se surpasser et non tomber dans le tourbillon de la célébrité et s'assoir sur ses lauriers!!! une réputation ça peut monter vite, mais quand ça chute, ça chute bas... Et après, c'est très difficile à faire remonter... Personnellement, je ne le connait pas! mais tu pousses ma curiosité à découvrir tout de même un premier tome de cette auteur si connue !
RépondreSupprimerC'est un auteur que j'apprécie, même si je suis d'accord avec Annie (NB que c'est son billet que j'ai publié sur mon blogue.)cependant que des auteurs reconnus ne devraient pas s'asseoir sur leur lauriers comme on dit. Les Neufs Dragons n'est cependant pas son meilleur.Consulter ce blogue pour y trouver d'autres évaluations. A+
SupprimerBonjour Froggy ! Pour dissiper le malentendu, sachez que ce n'est pas Jacques qui a écrit ce billet, mais bien moi, Annie Perreault. Je vous invite à visiter mon blogue. A+ ;)
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